Manon Altazin
Une battante aux ailes déployées
Âgée de 35 ans, Manon Altazin est la cadette d’une fratrie unie, composée de Barbara, sa sœur aînée, et de Maxime, le benjamin, sourd de naissance, disparu brutalement en 2016. Elle a toujours avancé avec détermination, portée par une force intérieure forgée au fil des épreuves.
Sourde profonde de naissance, elle a dû sans cesse affronter les limites imposées par le regard des autres pour réaliser ses rêves. Sportive accomplie, elle a pratiqué la gymnastique à haut niveau pendant 14 ans, alors même que peu de formateurs osaient s’engager à ses côtés. Elle a couru un marathon, gravi le Mont-Blanc, parcouru 1 060 kilomètres à vélo en dix jours en 2018, découvert la voltige aérienne et, plus récemment, s’est lancée dans le canitrail.
Son credo : « Impossible n’est pas sourd ! ».
À 15 ans, un baptême de l’air lui donne le goût de l’aviation. Il lui faudra quatorze années d’efforts pour obtenir son brevet de pilote et devenir la première femme sourde pilote d’avion en France—un titre qu’elle est encore, à ce jour, la seule à détenir. Avec plus de 200 heures de vol à son actif, Manon aime transmettre son expérience. Elle intervient régulièrement en entreprise, notamment chez Airbus à Toulouse, pour sensibiliser au handicap. Elle est aussi vice-présidente de l’Aéro-club des sourds de France et pilote bénévole pour l’opération « Rêves de Gosse ». En 2021, elle enrichit encore son parcours en obtenant son brevet de pilote ULM, ainsi que plusieurs permis : moto, bateau fluvial et côtier, et celui d’accompagnatrice handiski Gotoski.
Grâce à de longues années d’orthophonie, Manon s’exprime avec tant de clarté qu’il arrive souvent que les entendants oublient d’articuler face à elle. Pourtant, sa langue maternelle, son ancrage, demeure la LSF — la langue des signes française. C’est elle qui s’adapte en permanence, dans une société où les institutions sont encore trop souvent incapables de le faire.
Depuis dix ans, Manon exerce comme kinésithérapeute en libéral, spécialisée dans le sport. En 2022, elle devient mère de Mathéo, bientôt rejoint, en 2025, par une petite soeur, Alya.
Depuis 25 ans, la réalisatrice Dominique Fischbach suit et raconte le parcours hors normes de cette femme résolument inspirante.